Charles Bonaparte et la pendule-cercueil montpelliéraine…

Une histoire de pendule-cercueil montpelliéraine… vraie en plus…

Vous avez suivi les péripéties d’une pendule, de la fameuse pendule d’Isabelle Pons Dumas, d’époque Louis XIV que nous trouvions bien triste. Eh bien savez-vous qu’à Montpellier, au début du 19ème siècle, une pendule qui devait être à peu-près similaire, servit à dissimuler le corps d’un aristocrate corse, qui n’était autre que le père du futur Empereur Napoléon Ier, et lui permis de voyager incognito à travers la France?

En effet, tout montpelliérain sait que Charles Bonaparte était venu confier son destin aux médecins de notre ville, dont la réputation était des plus honorables de France et d’Europe en cette fin de 18ème siècle. Il s’établit à Montpellier, dans une modeste maison, rue du Cheval Vert, aujourd’hui disparue, à la fin de l’année 1784. Mais toute la médecine pourtant auréolée de siècles de succès, qui avait su soigner Evêques, Papes et rois, ne put rien pour lui, qui avait donné naissance à celui qui devait revêtir la pourpre impériale. A 39 ans, le 24 février 1785, il poussa son dernier souffle et fut inhumé nuitamment dans l’église de l’Observance, qui accueille aujourd’hui le célèbre Rockstore.

Les montpelliérains s’enorgueillirent par la suite de disposer de si respectables dépouilles. Ils imaginèrent même ériger un monument à la gloire du géniteur impérial, ce à quoi l’Empereur répondit qu’il ne fallait troubler le repos des morts, prétextant que “événement est étranger au public” et concluant par “n’en parlons point”.

Mais l’histoire ne pouvait s’arrêter là… Devenus impériaux, les autres Bonaparte, dont la célèbre Laetizia, l’épouse du défunt, se résolut avec ses deux autres fils, Joseph et Louis, à donner une sépulture plus digne à cet époux et père disparu trop tôt. Ils échafaudèrent dans le dos de leur frère le déplacement des dépouilles.

C’est ainsi que Louis Bonaparte résolut avec Jean Bimar, très proche de la famille impériale (je vous en raconterai l’histoire et le lien avec Montpellier une autre fois), et maître de postes, installé dans la Tour de la Babotte, le moyen de faire sortir de Montpellier les ossements de son père. Il fit placer les quelques vestiges qu’ils exhumèrent dans la chapelle de l’Observance dans une grande boîte plombée. Bimar, ingénieux, déclara pour obtenir le sauf-conduit de ces reliques qu’il transportait une pendule très précieuse et qu’il l’avait volontairement placée dans cette boîte hermétique. Ainsi le père de l’Empereur fit son dernier voyage déguisé en pendule. Roland Jolivet dans son ouvrage “Montpellier, secrète et dévoilée” auquel ce texte doit beaucoup, rajouta en s’amusant, que “l’histoire ne dit pas s’il arriva à l’heure à Saint-Leu”, propriété de son fils Louis.

Alors voyez, amis incrédules ! Vous ne qui ne me croyiez pas lorsque je vous disais qu’une pendule pouvait servir de cercueil. Une pendule similaire à celle d’Isabelle, servit d’alibi à Charles Bonaparte pour son dernier voyage. Comme quoi peut-être votre pendule Isabelle, aurait pu avoir des choses à nous raconter. Je sens que vous commencez à la regretter…

Après des études en science politique et en géographie et histoire de l'urbanisme, Fabrice Bertrand, né à Montpellier, anime depuis 2016 le groupe Facebook "Montpellier Histoire et Patrimoine" qui compte près de 30.000 membres. Il est aujourd'hui en charge de plusieurs projets, qui visent à mettre en valeur le patrimoine scientifique et intellectuel montpelliérain.

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