La légende de la pistole volante de Saint-Jean-de-Védas 

Ah cette “pistole volante”, cette fameuse pièce de monnaie en or de 10 livres, qui a le pouvoir de toujours revenir dans notre porte-monnaie après avoir été employée, que nous aimerions tous l’avoir ! Si nous pouvions en disposer, combien de nos problèmes pourraient être facilement résolus. C’est ce que se sont dits quelques montpelliérains, un magicien, un prêtre, et quelques Jeunes-Débauchez en l’année 1663 et dont le souvenir a été transcrit par Charles d’Aigrefeuille, dans son ouvrage, “Histoire de la ville de Montpellier, depuis son origine jusqu’à notre temps”, dans ses chroniques de l’année 1663…

En voici son récit :

“Au commencement de l’Eté, on eut à Montpellier un spectacle plus triste, par la fole-entreprise que firent quelques Jeunes-Débauchez, pour avoir la Pistole-Volante, qu’ils suposoient devoir toujours revenir dans leur poche, après l’avoir échangée avec de la Monoye. Ils firent venir à ce dessein un magicien de la Campagne, qui leur dit qu’il ne pouvoit faire ses conjurations sans avoir un Prêtre avec lui : Cette nécessité leur fit jeter les yeux sur un Hebdomadier de la Catédrale, qu’ils sçavoient être Grand-Joüeur, & qui, se laissant attirer par l’espérance de participer à leur Gain, promit d’employer son ministère. Tous les acteurs étant prêts, on choisit pour le Lieu de la Scène, une Métairie près de St-Jean-de-Védas, où il ne se trouvoit alors qu’une seule Métayère, qu’ils envoyèrent à Montpellier sous divers prétextes. La Troupe se voyant en liberté, commença de procéder à son Maléfice; & d’abord, le Magicien fit trois grands-cercles l’un dans l’autre, au milieu desquels il plaça le Prêtre, revêtu d’un Surplis & Etole, pour faire les Prières portées dans son Rituel-Magique ; il plaça les autres dans le Second-Cercle, & se tint lui-même dans le Troisième, avertissant plusieurs-fois toute la Troupe, de ne rien craindre, quoiqu’ils pussent voir ou entendre. Alors, il fit les Evocations, en marmotant quelques Paroles, & faisant plusieurs Signes de sa Baguette ; Mais, cela n’eut pas été fait, que le Temps s’obscurcit étrangement, le Tonnerre tomba tout-à-coup, & il se mit à pleuvoir et grêler d’une manière épouvantable ; Tout-cela, joint aux Hurlements-soûterrains qu’ils avoient déjà entendus, & à l’apparition d’un Spectre, qu’on dit être venu demander au Prêtre qu’est-ce-qu’il vouloit, firent tomber ce misérable à demi-mort; & les autres, n’osant tenir-bon, sortirent avec des visages si-défigurés, que Ceux qui les rencontrèrent, n’eurent pas peine à conaaoître qu’ils étoient hors-d’eux-mêmes.

Ce fait qui est constaté par les Procédures, où tous les Complices se trouvent nommez, causa l’Emprisonnement du Prêtre, qui fut enfermé dans la Tour de Saint-Pierre; Mais Mr de Bosquet, alors Evêque de Montpellier, touché des Larmes de ce Misérable, & voulant épargner au Public le spectacle de son Supplice, se contenta qu’il allât à pied jusqu’à Rome, demander son pardon au Pape Alexandre VII, pour lequel il lui donna une lettre ; il parut quelques années après dans le Païs, où il trouva tous ses complices morts-misérablement ; Quant à lui, on ajoute qu’ayant toûjours son Crime devant Soi, il ne cessoit de le pleurer.”

Après des études en science politique et en géographie et histoire de l'urbanisme, Fabrice Bertrand, né à Montpellier, anime depuis 2016 le groupe Facebook "Montpellier Histoire et Patrimoine" qui compte près de 30.000 membres. Il est aujourd'hui en charge de plusieurs projets, qui visent à mettre en valeur le patrimoine scientifique et intellectuel montpelliérain.

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