Statue de Louis XVI – Montpellier 

Lors du rétablissement de la Restauration en 1815, la ville de Montpellier, et a fortiori ses édiles, souhaitèrent marquer leur attachement au nouveau régime. Elle envisagea alors, fortement aidée dans ce projet par le ministère de l’Intérieur, d’ériger sur la place du Marché aux Fleurs, ancienne place des Capucins, une importante statue représentant le monarque “martyr de la Révolution”, Louis XVI.
Le ministère de l’Intérieur pour aider à de telles manifestations de soutien, consentit à donner à la ville un important bloc de marbre de Carrare de trois tonnes et lui demanda en contrepartie de choisir Achille Valois, deuxième grand prix de Rome, élève de David, sculpteur officiel de la Duchesse d’Angoulême, pour réaliser cet important groupe dont le devis s’élevait tout de même à la somme de 22.692 francs. 
La première pierre du piédestal de la statue de Louis XVI fut posée le 11 novembre 1819. Il coûta la bagatelle de 14550 francs. Mais dix ans seront nécessaires pour que cette statue soit définitivement livrée et enfin posée sur son socle. Son inauguration était prévue le 19 août 1829 en présence du sculpteur et de la duchesse d’Angoulême, la fille du modèle. Mais celle-ci ne put à nouveau venir à Montpellier et c’est aux cris de “Vive le Roi”, que le public montpelliérain accueillit en nombre leur ancien roi.
Mais, malheureusement cette statue fut rapidement victime des changements de pouvoir, et l’installation de Louis Philippe après les Trois Glorieuses fut pour la mémoire de Louis XVI une nouvelle tragédie… Son souvenir devait disparaître de l’espace public. La statue devint l’objet de querelles entre les divers camps royalistes et dès 1831, le 19 juillet, après seulement 23 mois, elle fut déposée en entreposée dans une casemate de la citadelle où elle demeura près d’une soixantaine d’années. 
Le socle, orphelin, accueillit une urne en bois, en l’honneur des “mânes des Héros de juillet”. Le climat languedocien eut rapidement raison de cette décoration, et finit rapidement, elle aussi, par disparaître. 
En 1900, cette magnifique de Louis XVI fut transférée au musée des Moulages de la faculté des Lettres, en en 1913, abandonnée dans les dépôts des archives départementales. Elle aurait pu aujourd’hui retrouver sa place et devenir un des éléments majeurs du patrimoine de Montpellier, si François Delmas, ancien maire de Montpellier, prédécesseur de Georges Frêche, n’avais souhaité la donner à Louisville, ville jumelée à Montpellier en 1966. Louis XVI traversa l’Atlantique et trouva asile dans cette ville, dans le Kentucky et reçut les honneurs de la “sister city” de Montpellier le 12 juillet 1967, en présence des deux maires et de l’ambassadeur de France aux USA… 
Le piédestal demeura orphelin de tout groupe jusqu’en 1885, année où l’on décidant de le céder au plus offrant. Cette cession rapporta tout de même cent francs alors que son aménagement avait coûté quelques quatorze mille cinq cent cinquante francs en 1827.
Aujourd’hui les statues de Louis XVI sont très rares en France – on n’en compte que trois – et on ne peut que regretter cette disparition d’un important patrimoine local. Ne pourrait-on pas réaliser une copie de cet important groupe et la reposer à son emplacement d’origine? Cela pourrait être un beau projet…D’autant que cette statue avait été classée au titre des Monuments Historiques le 19 mars 1921, et rayée de cette même liste le 24 novembre 1966 (!) afin d’en permettre la sortie du territoire…

Après des études en science politique et en géographie et histoire de l'urbanisme, Fabrice Bertrand, né à Montpellier, anime depuis 2016 le groupe Facebook "Montpellier Histoire et Patrimoine" qui compte près de 30.000 membres. Il est aujourd'hui en charge de plusieurs projets, qui visent à mettre en valeur le patrimoine scientifique et intellectuel montpelliérain.

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