Rabelais à Montpellier… et la farce de la femme muette

On connaît tous le lien de Rabelais avec la faculté de Médecine de Montpellier, mais notre ville offrit à ce brillant observateur, curieux de toutes formes de sciences et d’amitiés, le cadre d’étude d’une joyeuse compagnie avec laquelle il fit ce qu’il conviendrait d’appeler les 400 coups.

Avec ses amis, Antoine Saporta, Jean Perdrier, Guy Bouguier, Balthazar Noyer, Jean Quentin, et d’autres comme François Robinet, il eut l’idée de monter une pièce de théâtre, pardon une farce, ainsi qu’il conviendrait mieux de l’appeler, et que Rabelais intitula lui-même : La morale comédie de celui qui avait épousé une femme mutte.

En voici le fil conducteur que je vous résume :

Une femme est muette, et son mari, ce pauvre fou, veut qu’elle retrouve la voix… Quelle idée allez-vous me dire ! Il ne connaissait pas son bonheur ! Mais non, il souhaitait qu’elle retrouve la parole et s’adressa alors à un chirurgien et à un médecin qui, par leur art, lui permirent de se faire entendre. Elle se fit tellement entendre, qu’elle épuisa son époux. Excédé, il convoqua à nouveau le médecin pour qu’il la rende à nouveau muette… 

Le médecin était bien ennuyé. Il n’avait dans sa besace de savoirs que celui de rendre la parole, mais en aucun cas, le talent de faire taire une femme. On comprend sa difficulté…

Il n’avait qu’un seul remède, du moins il n’en voyait qu’un seul : rendre l’époux sourd !

Face au flot incessant de son épouse, l’époux, vaincu, n’eut d’autre choix que d’accepter le traitement proposé.

Cela fut fait sur le champ. L’époux devient sourd et la bavarde perdant son public en devint folle… Elle n’avait plus qui que ce soit dans son entourage pour déverser tout ce qu’elle avait à dire. Elle en devint enragée et entra dans une colère terrible.

Il va sans dire que le médecin avait bien travaillé, il avait rendu la parole à la maîtresse de maison et avait rendu sourd le maître de maison, qui profita de cette surdité pour ne pas payer le médecin. Il faut dire qu’il ne l’entendait pas.

Pour se venger de l’absence de reconnaissance d’un travail si bien accompli, le médecin versa sur le dos de l’époux une poudre qui le rendit fou. Il avait dès lors face à lui, un fou et une enragée qui s’entendirent, sans dire mot, pour passer à tabac le médecin, qu’ils laissèrent à demi-mort sur le pavé de leur maison…

C’est sur ce passage à tabac que les rideaux de cette farce se ferment.

Permettez-moi de ne pas vous proposer de morale, je vous laisse l’écrire…

Après des études en science politique et en géographie et histoire de l'urbanisme, Fabrice Bertrand, né à Montpellier, anime depuis 2016 le groupe Facebook "Montpellier Histoire et Patrimoine" qui compte près de 30.000 membres. Il est aujourd'hui en charge de plusieurs projets, qui visent à mettre en valeur le patrimoine scientifique et intellectuel montpelliérain.

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