Au-delà des souvenirs d’enfance de Verlaine à Montpellier, un lien insoupçonné émerge entre le poète maudit et notre ville, tissé par les coups de pinceau d’un tableau longtemps oublié. Ce tableau, aujourd’hui attribué à Frédéric Bazille, fils de Montpellier, avait autrefois été attribué à Gustave Courbet, nom plus célèbre et prestigieux.
L’expert Michel Schulman, au regard acéré, découvrit sous la signature apparente de Courbet, celle de Bazille, certainement dissimulée par d’anciens propriétaires. Il expliqua cette falsification par la notoriété écrasante de Courbet, éclipsant les talents émergents de l’époque. Bazille, mort à seulement 29 ans lors de la guerre de 1870, n’avait pas eu le temps d’inscrire son nom dans les mémoires artistiques du XIXème siècle.
Cependant, quelques mois avant son tragique décès, Bazille eut l’honneur de rencontrer Verlaine grâce à l’entremise de François Coppée, poète et ami commun. Cette rencontre fut une révélation pour le jeune peintre. Subjugué par les traits du poète, il se hâta de capturer son essence sur toile. Le portrait, vibrant de vie et de mélancolie, reflétait l’âme de Verlaine.
L’œuvre, maintenant reconnue pour ce qu’elle est, témoigne d’un moment suspendu dans le temps, où deux esprits créatifs se croisèrent brièvement. Dans les coups de pinceau passionnés de Bazille, la ville de Montpellier trouve une nouvelle fierté, une nouvelle page à ajouter à son riche patrimoine artistique.
Ainsi, ce tableau ne se contente pas de représenter Verlaine ; il symbolise aussi la rencontre éphémère mais poignante de deux talents, l’un poétique, l’autre pictural, dont les destins furent trop tôt interrompus. Aujourd’hui, ce portrait redécouvert se dresse comme une ode à la jeunesse et à l’aspiration créatrice, immortalisant une rencontre qui, bien que brève, transcende le temps et témoigne de la virtuosité du peintre montpelliérain.
