Le nom de Maurice Gennevaux résonne encore aujourd’hui à l’oreille de quelques très rares Montpelliérains. Pourtant, depuis quelques années, le souvenir de ce grand esprit du début du XXe siècle a été rappelé par la nouvelle dénomination d’un pont devant enjamber le rond-point du Pas du Loup à Montpellier.
Mais qui était réellement cet homme hors du commun, auquel Montpellier a souhaité rendre hommage ?

Dans cet article, nous partons donc à la découverte de Maurice Gennevaux, savant passionné de spéléologie, membre de prestigieuses sociétés scientifiques et un des plus généreux donateurs d’objets d’art et d’artefacts archéologiques à la Société Archéologique de Montpellier, cette insigne institution dont Montpellier a pu – par le passé – être très fière.
Maurice Gennevaux : un passionné de spéléologie né à Montpellier
Né le 11 octobre 1880 à Montpellier, Maurice Gennevaux se passionne très tôt pour la spéléologie. Bien qu’il ne suive aucun cursus universitaire spécialisé, il bénéficie des enseignements pratiques du célèbre Édouard-Alfred Martel, considéré comme l’un des pères de la spéléologie moderne.

Source : Archives Départementales de l’Hérault, 5MI58/2
Sa curiosité et son acharnement lui permettent de mener des recherches de haut niveau, qui l’inscrivent durablement dans le paysage scientifique montpelliérain. Il fut notamment un des premiers explorateurs des grottes entre les Matelles et Saint-Martin-de-Londres.
Cette passion l’amène à intégrer plusieurs cercles scientifiques de l’époque : la Société Française de Géologie, la Société Archéologique de Montpellier, la Société Languedocienne de Géographie et plus tard, la prestigieuse Académie des Sciences et Lettres de Montpellier
C’est au sein de la Société Archéologique de Montpellier que Maurice Gennevaux trouve un véritable foyer intellectuel et un rôle actif. Il en devient le conservateur, chargé de gérer et de protéger les impressionnantes collections constituées depuis les années 1830. Cette fonction est capitale, car elle contribue à la préservation d’un patrimoine unique, malheureusement peu visible de nos jours en raison de la fermeture du Musée Languedocien.
Un généreux donateur
Maurice Gennevaux ne se limite pas à l’administration de la Société Archéologique. Il enrichit également ses collections avec le don de plusieurs objets remarquables, montrant son goût éclectique. Outre ses collections d’objets préhistoriques, il donne à cette institution la plus importante collection connue de plaques muletières et de poids du Languedoc, mais aussi, une exceptionnelle peinture que nombre de musées rêveraient de présenter, une exceptionnelle école de Fontainebleau de la fin du XVIe siècle.

fin du XVIe siècle
Collections de la Société archéologique de Montpellier, don Maurice Gennevaux
Ces dons témoignent de la passion de Maurice Gennevaux pour la connaissance sous toutes ses formes, et de son désir de transmettre ce savoir aux générations futures.

Collections de la Société Archéologique de Montpellier, don Maurice Gennevaux
Les travaux majeurs de Maurice Genneveaux

L’empreinte scientifique de Maurice Gennevaux se retrouve dans de nombreuses études. Parmi les plus significatives, nous pouvons retenir :
- Sa participation aux fouilles de l’ancienne église Notre-Dame-des-Tables (1917)
Aux côtés de deux grands savants, Louise Guiraud et Joseph Berthélé, il met au jour d’importants vestiges dans le sous-sol montpelliérain, offrant un regard neuf sur l’histoire religieuse de la ville (nous reviendrons sur ce point dans les prochains jours). - Sa note sur la Découverte d’un ossuaire néolithique à Grabels, près de Montpellier
Ce travail révèle l’exhumation de multiples tombes datant du Néolithique, dont l’une renfermait un crâne trépané, preuve fascinante de pratiques médicales préhistoriques. - Ses recherches spéléologiques dans la région du Pic Saint-Loup et sur une station néolithique à La Paillade
Grâce à son expertise en spéléologie, Maurice Gennevaux explore les grottes et cavités naturelles de la région, mettant à jour des indices clé pour comprendre les occupations humaines préhistoriques autour de Montpellier.
Un destin brisé par la Première Guerre mondiale
Mais le parcours de Maurice Gennevaux s’interrompt brutalement à cause de la Première Guerre mondiale. Bien que réformé pour des raisons de santé, il refuse cet état de fait et s’engage comme infirmier major à l’hôpital militaire de Montpellier. Malheureusement, il contracte une maladie qui lui sera fatale. Il s’éteint le 30 octobre 1918 à Montauban, à l’âge de 38 ans, laissant inachevée la thèse qu’il préparait pour son doctorat ès sciences.

Maurice Gennevaux demeure une figure incontournable de la communauté scientifique montpelliéraine du début du XXᵉ siècle. Spéléologue autodidacte, archéologue passionné et grand donateur, il laisse à Montpellier un héritage culturel et scientifique précieux. En perpétuant sa mémoire, nous prenons conscience de l’importance de préserver et de valoriser le patrimoine légué par de telles personnalités, afin que les générations futures continuent de bénéficier de ces trésors historiques.
Bibliographie et liens
Marignan (Dr) .- Nécrologie M. Maurice Gennevaux in “Bulletin de la Société Préhistorique Française”, année 1918, 15-11 – p. 548