Le sceau de la faculté de pharmacie de 1664 (2/3)

🤔 Lors de ma précédente publication sur un sceau de 1664 lié à la pharmacie de Montpellier, dont vous trouverez le lien ci-dessous, plusieurs d’entre vous, et plus particulièrement M. le vice-doyen de la faculté de médecine, se sont interrogés sur sa légende SIGILLUM FACULTATIS PHARMACIAE MONSPELL, alors même qu’il n’existait que quatre facultés en exercice à Montpellier depuis le milieu du XVIIème siècle :

  • Faculté de Droit,
  • Faculté de Théologie,
  • Faculté des Arts,
  • Faculté de Médecine, qui, à elle seule, formait une université, ainsi qu’elle avait le droit de se proclamer depuis la bulle de 1220 concédée par le cardinal Conrad, légat du pape Honorius III. Cette capacité avait même été confirmée par un édit de 1687.

📌 Le métier d’apothicaire était quant à lui un art manuel qui était alors qualifié d’ “art mécanique”. Par cette définition, les pharmaciens, bien que fort nombreux et puissants à Montpellier, détenteurs d’une renommée internationale due à l’importation des savoirs et des produits du Moyen-Orient, n’avaient pas la possibilité de prétendre à l’appellation de “faculté”. Aucun acte officiel ne leur permettait de prétendre à un tel statut.

🔍 Depuis 1572, les apothicaires de Montpellier avaient même été placés sous le contrôle des professeurs de l’Université de Médecine. Ils s’affichaient sous l’appellation de “collège des apothicaires de l’Université de Médecine de Montpellier”.

🧔🏻 Ainsi, les plus illustres apothicaires de notre ville ne pouvaient afficher tout au plus que la qualification de “maître apothicaire juré en la faculté de Médecine de Montpellier”. C’est d’ailleurs ainsi que François Verny, lors de la réédition de l’ouvrage de l’ouvrage pharmacopée de Bauderon en 1672 se présente. Cette désignation, pourtant postérieure au sceau de 1664, témoigne bien de l’absence d’une faculté de pharmacie à Montpellier.

⚜️ Il ne faut pas oublier non plus qu’Henri IV avait fondé une chaire de pharmacie en même temps que celle de botanique lors de la création du Jardin des Plantes de Montpellier et l’avait confiée à un professeur de médecine.

📚 Comme toutes les corporations professionnelles, nées de la maîtrise d’un savoir-faire technique, les maîtres apothicaires avaient l’obligation former des apprentis. Ces derniers, en plus des leçons pratiques données par leurs maîtres devaient également suivre les enseignements théoriques des professeurs de l’université de médecine. 

Pour pouvoir bénéficier du titre de “maître apothicaire de Montpellier”, ces étudiants devaient ainsi prendre une inscription à la faculté de médecine de Montpellier, et justifier du suivi des cours théoriques donnés par les professeurs de la faculté de médecine. 

🖋️ A l’issue de leur enseignement, tant manuel que théorique, il recevaient des lettres attestatoires, des lettres qui étaient authentifiées par le maître chez qui ils avaient suivi leur stage, mais aussi par le chancelier de la faculté de médecine. 

📖 On a longtemps cru que ce sceau de 1664 servait à authentifier ces diplômes. Mais des travaux conduits par le professeur Irissou dans les années 1930 et publiés dans la revue Monspelliensia, apportent un nouveau regard sur ce sceau et sur cette appellation de “facultatis”. 

👉C’est ce dont je vous parlerai dans un prochain article qui nous permettra d’aborder la fameuse “thériaque de Montpellier”. Alors à tout bientôt.

Source de l’illustration : Site internet de la faculté de pharmacie de Montpellier, sceau “détenu” par la Société Archéologique de Montpellier.

Après des études en science politique et en géographie et histoire de l'urbanisme, Fabrice Bertrand, né à Montpellier, anime depuis 2016 le groupe Facebook "Montpellier Histoire et Patrimoine" qui compte près de 30.000 membres. Il est aujourd'hui en charge de plusieurs projets, qui visent à mettre en valeur le patrimoine scientifique et intellectuel montpelliérain.

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