Le château d’Assas est de façon certaine une des plus élégantes demeures de la région de Montpellier.
Propriété de Patrick Geddes, puis de la famille Demangel depuis le lendemain de la Seconde guerre mondiale, cette belle bâtisse s’est imposée comme un haut-lieu de l’activité culturelle régionale et plus particulièrement musicale.
Le château d’Assas ancre ses racines dans l’histoire la plus ancienne que les archives veulent bien nous révéler. En effet, les seigneurs et la terre d’Assas apparaissent dans la documentation archivistique dès le début du XIIe siècle.
Le château d’Assas, siège d’une seigneurie
Ce n’est qu’à la fin du XVI siècle, en 1486 pour être plus précis, que Hugues d’Assas, héritier d’une longue dynastie de seigneurs locaux cède la seigneurie à Guillaume Bonnal, un marchand montpelliérain de renom. La terre, après plus de trois siècles dans des mains nobles passe à cette occasion dans des mains roturières. Cette mutation témoigne de l’évolution de la société montpelliéraine.
Par la suite, le château connaît de nombreuses mutations. Plusieurs familles se succèdent dans la propriété de ce bien noble, parmi lesquelles on trouve les Pluviès, les Montchal, puis Joseph de Boyer, marquis de Sorgues et lieutenant du roi en Languedoc. Ce dernier vend finalement la seigneurie en 1747 à Jean Mouton de la Clotte. Ce transfert marque une étape décisive pour la seigneurie.
Les Mouton de La Clotte, propriétaires du château d’Assas
Issu d’une famille de modestes marchands ayant prospéré à Montpellier, Jean Mouton de la Clotte appartient à une lignée qui a su gravir les échelons sociaux grâce à sa réussite dans le secteur bancaire. Les Mouton, anoblis au début du XVIIIe siècle, achètent également le château de la Clotte, sur la terre de Salinelles, dans l’actuel département du Gard, dont ils ajoutent le nom à leur patronyme. Désireux de laisser sa marque, Jean Mouton de la Clotte prend une décision majeure en 1759-1760 : il fait raser l’ancien château féodal d’Assas pour y bâtir une élégante résidence d’été. C’est ce même édifice que l’on peut encore admirer aujourd’hui.
Les descendants de Jean Mouton conservent le château d’Assas jusqu’à la Révolution française. Bien que cette période ait vu de nombreuses destructions à travers la France, le château ne subit que peu de dégâts. En 1789, des révolutionnaires s’introduisent dans la bâtisse et commencent à marteler les armoiries des Mouton (représentant deux moutons se faisant face sous un olivier). Mais leur action est rapidement interrompue par les villageois, qui accourent pour protéger leur château, sauvant ainsi une partie de ce patrimoine précieux.
Le 27 frimaire an IX, soit le 18 décembre 1802, Jean Jacques Mouton de la Clotte, qui résidait alors alors à Paris, cède les “domaines d’Assas, Planredon, Buzarin et Peret situés dans le terroir de la commune d’Assas avec leurs dépendances” à Pierre Louis Auguste Bouché, aîné, négociant montpelliérain.
Durant le XIXe siècle, plusieurs autres propriétaires se succèdent, apportant avec eux quelques modifications architecturales. Mais aucune d’entre elles, n’altèrent l’essence du bâtiment.
Le Château d’Assas, un centre culturel
L’histoire du château prend une nouvelle tournure dans les années 1920 lorsque Patrick Geddes, pionnier de l’urbanisme et fondateur du collège des Ecossais au nord du Bois de Montmaur à Montpellier, en fait l’acquisition avec l’intention d’en faire un centre d’études. Cette vocation culturelle se prolonge lorsqu’en 1949, Robert Demangel, ancien directeur de l’École française d’Athènes, en devient propriétaire avec son épouse Simone.
Le château d’Assas qui abrite un clavecin français du XVIIIe siècle à 2 claviers et 4 registres, le mieux conservé que l’on connaisse, a accueilli l’immense claveciniste Scott Ross. Il y donna de nombreuses représentations, avant de décéder le 13 juin 1989 au château.
Le château d’Assas a aussi attiré l’attention du cinéma. En 1991, il sert de décor pour le film La Belle Noiseuse de Jacques Rivette, et l’année suivante pour Le Retour de Casanova d’Édouard Niermans. Bien que privé, il ouvre ses portes aux visiteurs curieux de découvrir son histoire lors des Journées du Patrimoine, ou sur demande, offrant ainsi un rare aperçu de ce joyau préservé du patrimoine montpelliérain.
Ce château, avec son histoire et ses propriétaires successifs, incarne la richesse culturelle et historique de la région. À travers les siècles, il a su s’adapter tout en conservant son identité, et aujourd’hui encore, il continue de captiver ceux qui s’intéressent à l’histoire et à l’architecture du Languedoc. Le château, avec ses deux majestueuses galeries, est un véritable joyau du patrimoine local.
Cet ensemble architectural a été reconnu pour sa valeur historique et fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 14 septembre 1937. En plus de ce classement, les façades et les toitures de la tour-pigeonnier, un élément caractéristique et distinctif du domaine, ont également été inscrites au titre des monuments historiques depuis le 10 avril 1989. Cette inscription renforce la protection de cette partie spécifique du château, soulignant son intérêt architectural et patrimonial.
Bibliographie et liens
Leenhardt Albert, .- Quelques belles demeures des environs de Montpellier
Wikipedia : Article “Château d’Assas”