Attentions aux sorcières d’Halloween : Quelques conseils pour vous protéger des sortilèges issus des grimoires languedociens

En cette nuit où les frontières entre le monde des vivants et celui des esprits semblent plus poreuses que jamais, les sorciers et sorcières vont s’en donner à cœur joie. Halloween n’est pas seulement une fête de déguisements et de sucreries : c’est aussi un moment où des croyances populaires refont surface, prêtes à nous rappeler des pratiques ancestrales destinées à se protéger des maléfices. Pour vous préparer à affronter les éventuels sortilèges qui pourraient être lancés contre vous ce soir, voici quelques conseils tirés de la tradition languedocienne. Ces astuces, qui peuvent paraître étranges, étaient scrupuleusement suivies par nos ancêtres jusqu’au début du XXe siècle. Les sorciers et les forces occultes n’auront qu’à bien se tenir !

Une formule de protection verbale

Si jamais vous vous retrouvez face à quelqu’un dont vous doutez de la moralité ou des intentions, il existe une formule de protection verbale à réciter qui est censée vous protéger. Nos ancêtres disaient : « Si sès de l’autre, avalisca, Satanàs ! Si sès bona causa, parlàs ! », ce qui peut se traduire par : « Si vous êtes de l’autre (côté obscur), vade retro, Satanas ! Si vous êtes une bonne chose, parlez ! ». Cette formule de protection, simple mais directe, était une manière efficace de forcer les éventuelles présences maléfiques à révéler leur nature.

Imaginez-vous dans la pénombre d’une rue, apercevant une silhouette étrange qui s’approche. Vos doutes vous oppressent ? Vous ne savez si vous avez affaire à un être bienveillant ou maléfique ? Prononcez cette phrase avec conviction : la puissance des mots et l’assurance avec laquelle vous les prononcerez suffiront peut-être à chasser l’être maléfique, si tant est qu’il soit de méchante nature.

Déjouer les sorcières avec des gestes simples

Certaines protections contre les sorcières passent par des actions toutes simples. Pour se garantir de l’influence néfaste des sorcières, il est recommandé de relever le coin de sa veste et de mettre son chapeau de travers. Pour les femmes, remonter le coin de leur tablier faisait office de protection efficace contre les maléfices. Ces gestes anodins perturbent, dit-on, les sorts des sorcières, comme si l’incongruité des vêtements déjouait leur maléfice. C’était une sorte de message : « Vous pouvez tenter de m’atteindre, mais je ne suis pas comme les autres, je suis prêt(e) à vous contrer. »

En effet, la symbolique des vêtements est très présente dans les rites de protection contre les sorcières. Modifier la façon dont vous êtes vêtu était souvent interprété comme une manière de créer une rupture dans l’ordre des choses, un acte qui pouvait rendre inefficaces les tentatives de maléfice. La prochaine fois que vous vous sentirez en danger, pourquoi ne pas tester ces simples gestes pour vous protéger des sorcières ?

Pour se défaire d’un envoûtement

Si malgré toutes ces précautions vous avez la sensation d’avoir été envoûté, il existe une recette quelque peu radicale qui, selon la tradition languedocienne, pourrait vous sauver d’un envoûtement. Elle consiste à faire griller un foie percé d’aiguilles dans un bain de vinaigre. Ce foie, dans le langage des rites et maléfices, est censé être symboliquement relié à votre envoûteur, qui, d’après la croyance, devrait alors ressentir de terribles douleurs et succomber à son propre sort.

Cette méthode pour se libérer d’un envoûtement, bien qu’assez macabre, était pourtant très prise au sérieux. On pensait que l’utilisation d’un foie, cet organe vital, était un moyen de renvoyer au lanceur de sort sa propre énergie maléfique. L’action de percer ce foie d’aiguilles était symbolique de la souffrance que l’on souhaitait infliger à l’envoûteur, dans un mécanisme de justice occultiste. Aujourd’hui, on pourrait voir cela avec un certain scepticisme, mais à une époque où la magie et les superstitions étaient omniprésentes, ces pratiques étaient souvent la seule solution perçue pour se libérer d’un mal occulte.

Un dernier recours… assez violent

Pour les situations extrêmes où rien ne semblait fonctionner, il y avait un ultime recours pour se libérer d’une malédiction, certes très controversé, mais qui était pourtant largement pratiqué dans certaines zones rurales du Languedoc. Le rituel consistait à se promener à minuit dans un lieu isolé, armé d’un solide gourdin. Selon la tradition, la première personne que vous croisiez était présumée être l’auteur de votre malédiction. Pour se libérer de l’emprise de ce sort, il fallait alors battre cette personne, acte censé vous guérir.

Bien évidemment, cette méthode pour se défaire d’une malédiction n’est en aucun cas à recommander et relevait d’une justice à la fois aveugle et désespée. Un incident survenu au début du XXe siècle dans le quartier Candolle à Montpellier nous rappelle les dangers de telles croyances : un innocent passant faillit être violemment agressé avant que les policiers n’interviennent à temps pour prévenir une tragédie. Cet exemple illustre la difficulté de distinguer les croyances populaires des actes insensés.

La prudence avant tout

Halloween est une période magique, où les esprits semblent errer plus librement et où l’étrange devient possible. Mais c’est aussi un moment où la peur et la superstition peuvent prendre le dessus sur la raison. Les anciens, qui vivaient au rythme des saisons et étaient entourés de mystères, avaient leurs propres manières de se protéger des forces invisibles. Ces rituels, parfois cocasses, parfois extrêmes, nous rappellent la complexité des relations humaines avec l’inconnu.

Alors, en cette soirée d’Halloween, soyez prudents et gardez ces conseils en tête pour vous protéger des maléfices et des forces occultes. Peut-être n’aurez-vous jamais besoin de les utiliser, mais qui sait ? Mieux vaut prévenir que guérir, surtout lorsqu’il s’agit de forces occultes. Et si par hasard, vous ressentez une présence inquiétante, n’oubliez pas de relever le coin de votre veste, de prononcer la formule de protection appropriée, ou tout simplement de prendre une grande inspiration et de vous rappeler que, parfois, la meilleure protection est celle de l’esprit critique.

Bonne chance à tous, et n’abusez pas trop des bonbons… Après tout, un mal de ventre peut également ressembler à un sort, mais celui-ci est bien plus facile à éviter ! Joyeuse Halloween, et que la nuit soit douce et sans mauvaises rencontres… ou presque.

Bibliographie :

Nelli René, 1958 .- Le Languedoc et le comté de Foix, le Roussillon .- Paris : Gallimard, 1958 (6ème édition), p. 301-302 (Collection publiée sous le patronage du Musée National des Arts et Traditions Populaires dirigée par Armand Lunel et François Agostini)

Liens :

Après des études en science politique et en géographie et histoire de l'urbanisme, Fabrice Bertrand, né à Montpellier, anime depuis 2016 le groupe Facebook "Montpellier Histoire et Patrimoine" qui compte près de 30.000 membres. Il est aujourd'hui en charge de plusieurs projets, qui visent à mettre en valeur le patrimoine scientifique et intellectuel montpelliérain.

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