La Faculté des Sciences pharmaceutiques et biologiques de Montpellier, plus communément appelée Faculté de Pharmacie, fait partie des institutions emblématiques de la ville. Avec la Médecine et le Droit, elle constitue l’une des trois branches principales de la prestigieuse Université de Montpellier, ancrée dans l’histoire et le patrimoine de la cité. Ses locaux, principalement construits dans les années 1960 et restaurés en 2006 et 2007, occupent un terrain de près de six hectares sur l’avenue Charles Flahault, au cœur des quartiers nord de Montpellier. Non loin des principaux établissements hospitaliers et de l’École d’Agriculture, elle continue de jouer un rôle majeur dans la formation des pharmaciens et la recherche scientifique.
Pour comprendre l’importance de cette faculté, il faut se plonger dans l’histoire millénaire de la pharmacie montpelliéraine, une histoire aussi vieille que la ville elle-même. Héritière de cette longue tradition, la Faculté de Pharmacie de Montpellier a su maintenir et développer le prestige de la ville, grâce à des spécialités pharmaceutiques qui, à l’image de la Thériaque de Montpellier, étaient autrefois célèbres dans toute l’Europe.
Une tradition pharmaceutique remontant au Moyen Âge
Depuis le Moyen Âge, Montpellier s’est affirmée comme un centre d’excellence pour l’enseignement médical et pharmaceutique. Aux côtés des médecins, les apothicaires (ancêtres des pharmaciens) de Montpellier jouaient un rôle essentiel dans la préparation et la distribution des remèdes. Leur savoir-faire, reconnu dans toute l’Europe, attirait des apprentis et des compagnons venus de tous horizons, désireux d’apprendre les secrets de la pharmacopée montpelliéraine.
L’un des produits les plus emblématiques de cette époque était la Thériaque de Montpellier, une préparation complexe à base de plantes et d’ingrédients divers, réputée pour ses propriétés curatives. Cette composition, considérée comme un remède universel, symbolise le savoir-faire des apothicaires montpelliérains, dont la réputation traversait les frontières et les époques.
Dans les officines, les jeunes apprentis pharmaciens étaient formés avec rigueur par les maîtres apothicaires, et cette tradition s’est perpétuée jusqu’à la Révolution française. Ce tournant historique aurait pu marquer la fin de cette pratique traditionnelle, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. La Révolution a, en effet, redéfini le cadre légal de la pharmacie, renforçant ainsi la profession et ouvrant la voie à la création des écoles modernes de pharmacie.
La fondation des Écoles de Pharmacie par Napoléon
C’est en 1803, sous le règne de Napoléon Bonaparte, que la pharmacie montpelliéraine prend un nouveau tournant décisif. Par la loi du 21 germinal an XI (11 avril 1803), Napoléon décide de la création de trois grandes Écoles de Pharmacie en France : Paris, Strasbourg et Montpellier. La ville, déjà réputée pour son excellence en médecine, s’impose naturellement aux côtés de ces deux autres pôles scientifiques. Cette décision vient officialiser le statut de Montpellier comme centre de formation et de recherche dans le domaine pharmaceutique.
Dès lors, la Faculté de Pharmacie de Montpellier devient un acteur majeur de l’enseignement supérieur, formant des générations de pharmaciens et de chercheurs, et participant à la modernisation de la discipline pharmaceutique en France.
Les années 1960 : la modernisation des locaux
Le XXe siècle, marqué par l’essor de la pharmacie industrielle, voit la faculté s’adapter aux nouveaux défis de la profession. En 1947, la création de l’Institut de Pharmacie Industrielle à Montpellier marque un tournant dans l’enseignement pharmaceutique. Cet institut se consacre à la formation des pharmaciens destinés à travailler dans l’industrie, un secteur en pleine expansion à l’époque. Ce développement impose de repenser les locaux pour répondre aux nouveaux besoins de l’enseignement et de la recherche.
À la fin des années 1950, le recteur de l’université envisage d’installer la faculté dans l’ancien « Clos d’Espous », aujourd’hui plus connu sous le nom de Clos Boutonnet. Cependant, la qualité du parc et sa proximité avec le centre historique de la ville (l’Ecusson) pousse finalement les autorités à y installer la Cité Universitaire de Jeunes Filles. Le regard se tourne alors vers un vaste terrain de près de 9 hectares situé sur l’avenue Charles Flahault, propriété d’un certain Barthez. L’acte d’achat est signé le 15 octobre 1957, et moins d’un an plus tard, l’architecte Jean de Richemondprésente son projet d’aménagement, qui sera adopté le 17 juillet 1958.
Les travaux commencent rapidement, et dès la rentrée de 1963, les premiers bâtiments sont inaugurés. Ces nouveaux locaux, qui adoptent un rythme classique dans leur architecture, témoignent de la volonté de la faculté de s’inscrire dans la modernité tout en respectant les traditions académiques. Avec des équipements à la pointe pour l’époque, la Faculté de Pharmacie se dote ainsi d’un outil indispensable pour former les pharmaciens de demain.
1972 : la création du musée de la pharmacie
En 1972, la faculté renforce encore ses liens avec son passé en inaugurant un musée de la pharmacie, à l’initiative du professeur Albert Ciurana. Ce projet, soutenu par le professeur en médecine Louis Dulieu, vise à préserver et mettre en valeur le patrimoine pharmaceutique de la ville. Le musée présente une collection impressionnante d’objets, d’instruments et de documents liés à l’histoire de la pharmacie, permettant aux visiteurs de découvrir l’évolution de la pratique pharmaceutique à travers les siècles.
Le musée de la pharmacie est un lieu unique en son genre, qui rend hommage à la riche tradition apothicaire de Montpellier. Il offre aux étudiants et aux chercheurs un accès direct à un patrimoine inestimable, tout en rappelant les racines historiques de la profession.
Une faculté tournée vers l’avenir
Aujourd’hui, la Faculté des Sciences pharmaceutiques et biologiques de Montpellier continue d’incarner l’excellence dans l’enseignement pharmaceutique, tout en s’adaptant aux évolutions constantes de la discipline. Les travaux de restauration effectués en 2006 et 2007 ont permis de moderniser les infrastructures, offrant ainsi aux étudiants et chercheurs un cadre de travail optimal.
La faculté joue également un rôle clé dans la recherche, notamment dans des domaines de pointe comme la biotechnologie, la pharmacologie et les sciences biologiques. Grâce à ses laboratoires de recherche, elle participe activement aux avancées médicales et pharmaceutiques, contribuant ainsi à l’amélioration de la santé publique.
Si la faculté est résolument tournée vers l’avenir, elle n’en reste pas moins profondément attachée à son histoire. Le musée de la pharmacie, ses bâtiments historiques et son emplacement stratégique au cœur de Montpellier rappellent chaque jour l’importance de ce lieu dans l’histoire de la ville et dans l’évolution de la science pharmaceutique.
Conclusion : un patrimoine scientifique et culturel d’exception
La Faculté de Pharmacie de Montpellier est bien plus qu’un simple lieu d’enseignement. Héritière d’une tradition vieille de plusieurs siècles, elle incarne le savoir et le savoir-faire pharmaceutique qui ont fait la renommée de Montpellier. Ses bâtiments, son musée, et son histoire en font un lieu incontournable du patrimoine scientifique et culturel de la ville.
Pour les passionnés d’histoire et les curieux, la faculté offre une plongée fascinante dans le passé pharmaceutique de Montpellier, tout en s’affirmant comme un acteur majeur de la recherche et de l’innovation en pharmacie. Ce lien entre passé et futur, si caractéristique de Montpellier, fait de la Faculté de Pharmacie un véritable joyau du patrimoine montpelliérain.