Le Jardin des Plantes de Montpellier

Fondé en 1593, par Pierre Richer de Belleval, le Jardin des Plantes de Montpellier, propriété de la faculté de médecine et de l’Université de Montpellier, a le privilège d’être le plus ancien jardin botanique de France. Il précède de près de 26 ans le Jardin botanique de l’Université de Strasbourg, et de 42 ans celui de Paris.

Le Jardin des Plantes de Montpellier est bien plus qu’un simple espace vert ; il s’agit d’un lieu emblématique de la ville, un témoin historique, scientifique et culturel. Depuis sa création, ce lieu n’a cessé de grandir et d’évoluer, devenant un véritable joyau du patrimoine montpelliérain.

Ce havre de paix, mêlant histoire et botanique, invite aujourd’hui les passionnés à découvrir ses secrets, tout en se positionnant comme un acteur majeur dans la conservation et l’étude des plantes.

La genèse du Jardin des Plantes : une volonté royale

L’histoire du Jardin des Plantes de Montpellier débute à la fin du XVIe siècle, précisément en 1593, sous le règne d’Henri IV. Dans une époque marquée par les découvertes scientifiques, le roi souhaite promouvoir la “santé par les plantes” et confie à Pierre Richer de Belleval, éminent botaniste et professeur d’anatomie à Montpellier, la création d’un jardin botanique. Ce projet s’inspire des grands jardins médicaux de l’époque, notamment celui de Padoue, en Italie, reconnu comme une référence.

Pierre Richer de Belleval
Pierre Richer de Belleval
Fondateur du Jardin des Plantes

Richer de Belleval dépasse rapidement la simple culture des plantes médicinales, connues alors sous le nom de “simples”, pour en faire un véritable outil d’étude botanique, une nouveauté pour l’époque.

Le Jardin des Plantes : un projet précurseur

Dès le début du XVIIe siècle, le Jardin des Plantes de Montpellier se distingue par son approche novatrice de la botanique. Il ne se limite pas à la simple exposition des plantes, mais cherche à recréer des environnements naturels variés, favorisant ainsi l’étude de la diversité du monde végétal. On y trouve alors différents milieux adaptés aux espèces cultivées : zones ombragées, ensoleillées, humides, sablonneuses, pierreuses, permettant de rassembler une vaste collection de plantes, dont certaines exotiques. Ce jardin devient un véritable laboratoire de la nature, préfigurant les recherches écologiques modernes.

Plan du Jardin royal des Plantes au debut du XVIIe siecle
Le Jardin des Plantes durant la première moitié du XVIIe siècle, avec au premier plan dans le verger Pierre Richer de Belleval et ses étudiants.
Gravure du Jardin des Plantes réalisée sur cuir, collection privée, en dépôt au musée Atger, université de Montpellier.

Parmi les éléments les plus anciens du Jardin des Plantes, la Montagne de Richer occupe une place symbolique. Construite vers 1602, cette colline artificielle composée de cinq terrasses présentait principalement la flore locale. Ce dispositif, inspiré par la géographie montpelliéraine, servit, par la suite, de modèle à de nombreux jardins européens. Bien que le reste du jardin ait été détruit lors du siège de Montpellier par Louis XIII en 1622, la Montagne subsiste encore aujourd’hui, témoignant de l’audace et de la vision de Richer de Belleval.

Statue de Pierre Richer de Belleval par Paul Guery
Statue de Pierre Richer de Belleval par Paul Guéry (1898-1977)
Photo : Fabrice Bertrand, 26 mars 2023

Un jardin en constante évolution

La reconstruction et l’expansion au XVIIe siècle

Après la destruction causée par le siège de 1622, Richer de Belleval s’attelle à la reconstruction du jardin. Il acquiert de nouveaux terrains, permettant d’agrandir l’espace initial. Cette nouvelle phase de développement est marquée par l’arrivée de botanistes de renom, tels que Pierre Magnol et Joseph Pitton de Tournefort, qui enrichissent les collections végétales et établissent le cadre scientifique qui caractérise encore aujourd’hui le Jardin des Plantes de Montpellier.

Montpellier Le Jardin des Plantes par Amelin 1822
“Arbre de Judée au Jardin des Plantes, croqué en compagnie de M. Nattes le 19 février 1822 (retouché le 27 janvier 1837)”
Le bâtiment sur l’arrière est l’ancienne
Dessin à l’encre et au lavis de Jean-Marie Amélie (1785-1858)
Collection de Montpellier Méditerranée Métropole,
cote : 01652RES-02-066

En 1756, le jardin franchit une nouvelle étape avec l’édification de la première serre chauffée qui est récupérée lors de la démolition du château de la Mosson. Cette nouvel équipement permet de cultiver des plantes exotiques tout au long de l’année, renforçant ainsi le rôle du jardin en tant que centre de recherche botanique.

Au début de l’Empire, en 1804, sous la direction du professeur Broussonnet, la célèbre orangerie est édifiée. Elle devient un élément majeur du Jardin des Plantes formant la séparation entre l’espace réservé aux carrés des botanistes et celui des promeneurs.

Lorangerie du Jardin des Plantes Dessin par Laurens
“L’orangerie du Jardin des Plantes”
Dessin par Bonaventure Laurens (1801-1890)
Collection Fabrice Bertrand
La grande orangerie du Jardin des Plantes
La grande orangerie et les serres
Collection Fabrice Bertrand

Le XIXe siècle : l’âge d’or du Jardin des Plantes

Le XIXe siècle est marqué par une expansion considérable du Jardin des Plantes, qui voit sa superficie doubler.

Ouvert au public en 1841, le Jardin des Plantes s’impose aussitôt comme un refuge privilégié pour nombre de botanistes, de médecins, de pharmaciens, ainsi que pour des élèves, des étudiants et des passionnés de plantes, sans oublier les voyageurs venus parfois de l’étranger. Son romantisme envoûtant inspire de nombreux poètes, à l’image de Paul Valéry et d’André Gide, qui aiment s’y recueillir près du cénotaphe de Narcissa, une création du XVIIIᵉ siècle imprégnée d’une histoire touchante.

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“Entrée du Jardin des Plantes à l’angle du faubourg Saint-James et du boulevard Henri IV”
Gravure aquarellée, début du XXe siècle
Collection Fabrice Bertrand

Sous la direction de Charles Martins, une nouvelle aire s’ajoute : le jardin anglais, aménagé en 1860. Ce nouvel espace, plus paysager, avec son bassin de lotus (le célèbre lac aux Nélumbos), contraste avec l’aspect plus formel du jardin historique, créant une atmosphère sereine propice à la promenade autant qu’à l’étude. La même année, il fait édifier une grande serre qui a abrite une impressionnante collection de cactus et de plantes grasses.

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“Le Jardin des Plantes : l’allée Dunal”, vers 1910
Collection Fabrice Bertrand

Le développement du jardin se poursuit avec l’édification de deux nouvelles serres et d’un pavillon d’astronomie, surnommé le marabout algérien, symbole des ambitions scientifiques de l’époque, notamment dans les études spectroscopiques.

Observatoire astronomique du Jardin des Plantes au milieu de son parterre floral
Observatoire astronomique du Jardin des Plantes posé sur son parterre floral
Photo : Fabrice Bertrand, mai 2024

Le Jardin des Plantes aujourd’hui : un trésor préservé

Aujourd’hui, le Jardin des Plantes de Montpellier s’étend sur 4,5 hectares et abrite une collection de près de 2.700 espèces végétales, dont certaines rares et menacées. Loin d’être un simple vestige historique, il continue de jouer un rôle fondamental dans la recherche scientifique, tout en étant un espace protégé et ouvert à un large public. Le jardin se décline désormais en trois grandes missions : botanique, historique et universitaire.

Un jardin botanique dédié à la recherche et à la conservation

En tant que jardin botanique, le Jardin des Plantes de Montpellier fait partie intégrante du Consortium des Jardins Botaniques européens. Cette affiliation témoigne de son implication dans des programmes de recherche internationale et de conservation des espèces. Le jardin travaille activement à la préservation des collections végétales et à l’enrichissement des connaissances botaniques.

Les serres abritent une diversité impressionnante de plantes, tandis que des équipes de scientifiques collaborent avec des institutions du monde entier pour développer de nouvelles recherches, sous la direction de son nouveau directeur John de Vos qui depuis 2024 a succédé à M. Thierry Lavabre-Bertrand.

Le jardin accueille régulièrement des étudiants en botanique, écologie et biologie, qui y mènent des recherches pour leurs thèses ou mémoires. Des actions pédagogiques sont également proposées au grand public, notamment sous la forme d’ateliers et de visites guidées, permettant à chacun de mieux comprendre le monde végétal et les enjeux de sa préservation.

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Le Jardin des Plantes, en 1942, dressé par Alfred Ansermoz, ingénieur géomètre suisse installé à Montpellier dans les années 1920.
Source du document : “Cartographie et plans anciens de la ville de Montpellier” – Ville de Montpellier

Un patrimoine historique protégé

Inscrit sur la liste des Monuments historiques depuis 1962 et classé depuis 1992, le Jardin des Plantes peut être considéré aujourd’hui un véritable musée vivant. Chaque allée, chaque bâtiment porte en lui l’héritage de plus de quatre siècles d’histoire. Les visiteurs peuvent y découvrir des arbres centenaires, comme le ginkgo planté à la fin du XVIIIe siècle, ainsi que des bâtiments remarquables, tels que l’orangerie ou encore les anciennes serres, mais aussi le monument à la gloire de Rabelais.

La conservation de ce patrimoine passe par des travaux de restauration réguliers, mais aussi par une réglementation stricte visant à protéger les lieux de toute dégradation. De plus, le jardin reste un espace accessible, bien qu’encadré, afin de permettre au plus grand nombre de découvrir ce patrimoine exceptionnel.

Conclusion

Il va sans dire que le Jardin des Plantes de Montpellier, témoin vivant de plusieurs siècles d’histoire, continue d’émerveiller et d’inspirer. De son rôle fondamental dans l’étude des plantes médicinales à sa place actuelle dans la recherche botanique et la conservation du patrimoine, il s’agit d’un lieu incontournable pour les passionnés de nature et d’histoire.

Que vous soyez amoureux du passé, curieux des plantes ou simplement en quête de sérénité, une visite au Jardin des Plantes vous promet une plongée au cœur d’un patrimoine exceptionnel, où science, littérature et nature se rejoignent pour offrir une expérience unique. Alors rejoignez nous dans les prochains jours, sur le blog “Les Carnets de Montpellier” pour découvrir d’autres aspects particulièrement intéressants de la riche histoire de ce Jardin des Plantes, auquel nous sommes tous très attachés.

A bientôt donc et bonne journée.

Le jardin des Plantes par Bonaventure Laurens
Gravure de Jean-Joseph Bonaventure Laurens (1801-1890) qui fut à partir de 1829, “secrétaire agent-comptable de la faculté de médecine”. Dans cette gravure, le dessinateur Jean-Joseph Bonaventure Laurens (1801-1890) qui fut à partir de 1829, “secrétaire agent-comptable de la faculté de médecine” a su composer de façon magistrale une opposition entre le végétal et l’architecture, et jouer intelligemment sur une déclinaison des différents arcs qui structurent cette partie, avec les baies de l’orangerie, celles entourant le puits au second plan et la ligne de mâchicoulis qui ceinture la partie haute de la Tour des Pins en arrière plan.
Source : Collection Fabrice Bertrand

Après des études en science politique et en géographie et histoire de l'urbanisme, Fabrice Bertrand, né à Montpellier, anime depuis 2016 le groupe Facebook "Montpellier Histoire et Patrimoine" qui compte près de 30.000 membres. Il est aujourd'hui en charge de plusieurs projets, qui visent à mettre en valeur le patrimoine scientifique et intellectuel montpelliérain.

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