Paul Boulet, maire de Montpellier

Même si Paul Boulet a occupé les fonctions de maire de Montpellier à deux reprises, de 1935 à 1937 et de 1945 à 1953, son souvenir semble s’être progressivement estompé. Montpellier peut en effet être une ville à la mémoire chancelante. Pourtant Paul Boulet se distingue par son parcours exceptionnel et son engagement sans faille pour le bien-être de la ville et de ses habitants, mais aussi pour la défense de ses engagements.

Les Premiers Pas : De Marseille à Montpellier

Né à Marseille en 1894, Paul Boulet découvre la ville de Montpellier lorsqu’il poursuit ses études secondaires au lycée de cette cité. Il y développe une affection particulière pour la ville, au point de décider de prolonger son séjour en intégrant la prestigieuse faculté de médecine. C’est durant ces années de formation, empreintes d’intenses réflexions et de rencontres marquantes, qu’il se passionne pour la vie politique. Ce goût croissant pour les affaires publiques le mène progressivement à jouer un rôle essentiel dans le paysage politique montpelliérain, au sein duquel il s’illustre par son engagement et sa détermination.

À l’âge de 25 ans à peine, il accède à la présidence de l’Association catholique de la Jeunesse française, une fonction qui témoigne non seulement de son engagement précoce, mais aussi de ses talents de fédérateur et de leader. Cette position lui permet d’exprimer pleinement son attachement aux valeurs de justice et de solidarité, qualités qui le guideront tout au long de sa carrière. Quatre ans plus tard, dans un contexte politique tendu, il crée un comité local antifasciste, marquant ainsi son opposition farouche aux idéologies totalitaires et son engagement résolu dans la défense des libertés fondamentales. Par cette action, il affirme avec force ses convictions et sa volonté de protéger les idéaux démocratiques auxquels il est profondément attaché.

L’Ascension Politique : Maire et Député

En 1935, Paul Boulet est élu maire de Montpellier ainsi que conseiller général du canton de Saint-Martin-de-Londres. Cette double élection marque le début de son influence déterminante sur la scène politique locale, où il œuvre avec passion pour le développement de la ville et l’amélioration des conditions de vie de ses habitants. L’année suivante, en 1936, il accède au mandat de député avec le soutien du Front populaire, ce qui lui ouvre les portes de l’Assemblée nationale. Son entrée dans cette institution se fait dans un climat politique agité, où les tensions sociales et les menaces totalitaires s’accumulent.

Dès les premières années de son mandat, Paul Boulet se distingue par sa fermeté et son engagement. En 1940, lors de la demande des pleins pouvoirs par le maréchal Pétain, il se dresse parmi les rares députés à refuser cette mesure, manifestant un courage inébranlable et une fidélité indéfectible aux valeurs républicaines. Par cette prise de position audacieuse, il affirme son attachement profond à la démocratie et son opposition résolue à toute forme de dérive autoritaire, inscrivant ainsi son nom parmi les défenseurs de la liberté et des institutions démocratiques.

La Résistance et la Libération

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Boulet rejoint le Bureau du Mouvement de libération nationale, participant activement à la résistance contre l’occupation nazie et le régime de Vichy. À la Libération, son rôle dans la reconstruction politique et morale du pays est crucial.

En 1945, il retrouve la mairie de Montpellier et son siège de conseiller général, confirmant la confiance que les Montpelliérains placent en lui. Il est réélu député en 1946, et se consacre à des projets de réconciliation nationale, prônant notamment une amnistie générale et l’abolition de la peine de mort. Ces propositions, avant-gardistes pour l’époque, illustrent son humanisme et son désir de tourner la page des années sombres de la guerre.

Engagement Continu et Fin de Carrière

Paul Boulet reste député jusqu’en 1951. Son mandat est marqué par des actions visant à renforcer la cohésion nationale et à promouvoir des réformes progressistes. Après avoir quitté l’Assemblée nationale, il continue de servir la ville de Montpellier en tant que maire jusqu’en 1953. Malgré une défaite électorale, il reste actif en politique comme conseiller municipal d’opposition jusqu’en 1965, prouvant une fois de plus sa détermination à défendre ses idées et à contribuer au développement de sa ville.

En 1965, bien qu’éloigné des postes de pouvoir, Paul Boulet ne se retire pas pour autant de la vie politique. Il soutient Georges Frêche dans sa campagne pour la mairie de Montpellier, un choix stratégique qui vise à barrer la route à François Delmas. Ce soutien montre sa capacité à se réinventer politiquement et à influencer les dynamiques locales, même en dehors des fonctions officielles.

Héritage et Mémoire

Paul Boulet décède cinq ans après l’accession de Georges Frêche à la mairie. Son nom est désormais inscrit dans la mémoire collective montpelliéraine, notamment à travers l’allée principale de l’Esplanade de Montpellier, baptisée en son honneur.

L’empreinte de Paul Boulet sur Montpellier est indéniable. Son engagement pour la justice sociale, son opposition au fascisme et son rôle dans la Libération ont façonné l’histoire de la ville et ont laissé un héritage durable. En tant que maire, député et résistant, il a incarné les valeurs de courage, d’humanisme et de démocratie.

L’histoire de Paul Boulet est celle d’un homme dévoué à sa ville et à ses idéaux. À travers ses différentes fonctions, il a toujours cherché à améliorer la vie des Montpelliérains et à défendre les principes démocratiques. Son parcours est un exemple inspirant de résilience et de détermination face aux défis politiques et sociaux.

Montpellier, riche de son patrimoine et de ses figures emblématiques, doit une partie de son évolution et de son dynamisme à des hommes comme Paul Boulet. En se souvenant de son action et de ses valeurs, la ville honore non seulement sa mémoire, mais aussi les principes fondamentaux qui continuent de guider son développement.

Ainsi, Paul Boulet demeure une figure incontournable de l’histoire de Montpellier, un symbole de dévouement et de service public. Son nom, gravé dans les rues de la ville, rappelle à chacun l’importance de l’engagement politique et de la lutte pour des idéaux justes et équitables. Que son exemple continue d’inspirer les générations futures à œuvrer pour le bien commun avec autant de passion et de détermination.


(photo provenant du site de l’Assemblée nationale)

Après des études en science politique et en géographie et histoire de l'urbanisme, Fabrice Bertrand, né à Montpellier, anime depuis 2016 le groupe Facebook "Montpellier Histoire et Patrimoine" qui compte près de 30.000 membres. Il est aujourd'hui en charge de plusieurs projets, qui visent à mettre en valeur le patrimoine scientifique et intellectuel montpelliérain.

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